De la patience en community managing

Posted on 19/09/2010

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Je vais attaquer ma 3ème semaine d’activité dans mon nouveau poste de journaliste à France 3 Lorraine.

J’en suis, non officiellement encore, mais bel et bien par le travail effectué, « journaliste community manager ». Pour faire simple mon activité, exclusivement pour la partie informations –c’est ma collègue qui s’occupe des programmes-, consiste à assurer la veille de l’information en et sur la Lorraine à travers les réseaux sociaux et les blogs, utiliser ces mêmes réseaux sociaux (essentiellement pour l’instant via nos comptes Twitter et Facebook [inscrivez-vous ! ] pour médiatiser nos reportages et nos actions (émissions spéciales, partenariat, etc.), mettre en ligne les reportages de ceux de mes camarades pas encore formés à ce travail de publication et accompagner cette mise en ligne pour ceux qui éprouvent encore quelques difficultés techniques à bien le faire. Et bien sur proposer des dispositifs de couverture d’évènements à venir en partenariat avec les journalistes concernés. Sans oublier de développer une réelle interactivité avec nos internautes.

Bref, 3 fois rien comme l’a gentiment glissé dans mon dos un charmant camarade (Si, si, je t’ai entendu.)

Pas forcément simple de vivre ce que vivent de nombreux journalistes pratiquant ce métier nouveau pour moi. Notamment à l’aune du non-intérêt (au mieux) et du freinage total, voire de la mise de bâtons dans les roues (au pire) par les plus inquiets de mes collègues.

Car c’est bien d’inquiétude qu’il s’agit.

Ou plutôt d’inquiétudes.

En vrac, et sans y mettre d’ordre de priorité, inquiétude de ne pas savoir faire, de ne pas se sentir capable de faire, ni d’ailleurs d’apprendre, de devoir faire plus sans contrepartie, de voir son petit confort bousculé, de se trouver confronté à l’utilisation d’outils inconnus ou non maîtrisés, de voler le travail d’autres collègues (photographes), en particulier techniciens (le montage par exemple), etc.

Je comprends ces inquiétudes.

Elles existent dans toutes les rédactions du monde.

Mais je prétends que nous n’avons pas le choix.

Et tout en prenant en compte ces craintes, en leur apportant des réponses pertinentes, il nous faut y aller. Tous ensemble.

Car c’est là que nous attendent nos internautes (ce nouveau public que je veux capter et qui n’a pas l’habitude de regarder France 3 Lorraine, plus jeune, plus féminin, plus technophile) et nos télénautes (nos téléspectateurs traditionnels qui commencent eux-aussi à s’intéresser à internet, quel que soit leur âge, et à qui je veux proposer plus que ce que peut leur donner le temps limité du JT).

Seul, rien n’est possible.

Il faut donc de la patience, beaucoup de patience.

Accepter d’être injoignable autrement que par mail car vous ne disposez pas d’un smartphone de service. Même pas d’un téléphone.

Démontrer par l’exemple. Acheter son propre iPad et prendre l’abonnement ad hoc (je viens de passer au 2Go chez Orange au bout de 15 jours…) pour prouver que cela n’est pas utile mais indispensable pour effectuer sa revue de presse dans le TER et le bus et commencer dès 7h du matin à surveiller la toile, ce qui buzze, ce dont parlent les lorrains IRL* et sur le web.

Convaincre, ses collègues, sa hiérarchie, parfois ses amis, que vous n’êtes pas là pour vous amuser avec des gadgets. Que c’est un boulot de fond. Un vrai boulot de journaliste et surtout pas un placard après 20 ans de terrain. Qu’être sur cet autre terrain qu’est le virtuel, c’est là aussi du 24/24 mais avec une réactivité plus forte encore. Et que vous ne pouvez pas assurer et assumer cela seul.

Et plus que tout, convaincre le public (réel et/ou potentiel) de France 3 Lorraine que son média régional est à la page, de façon pertinente. Et l’inciter à nous suivre, à échanger, à faire vivre cette interaction d’habitude si éloignée du média télé et de ses grands messes (vous parlez vous, à votre poste de télévision ???)

Alors oui, à l’aube de cette 3ème semaine de community managing, le regard posé sur les 1ers chiffres positifs (plus d’inscrits sur la page Facebook, plus de followers sur Twitter, des commentaires sur nos articles sur le site), je me dis que la voie est tracée.

Caillouteuse, poussiéreuse, elle nous emmène vers l’inconnu.

Mais cette route est si belle !

Qu’elle mérite d’être prise.

*IRL : in real life, dans la vraie vie.

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