Toute la twitsphère s’en est émue ce week-end : le Conseil Supérieur français de l’Audiovisuel, saisi par une chaîne de télévision dont il ne donne pas le nom (une chaîne qui n’a pas de compte Twitter et/ou Facebook ?…), a estimé que citer Twitter et Facebook à l’antenne pouvait être assimilé à de la publicité déguisée, Twitter et Facebook étant des marques avant d’être des phénomènes de société.
Le CSA s’appuie en l’espèce sur le décret n°92-280 du 27 mars 1992 fixant les principes généraux définissant les obligations des éditeurs de services en matière de publicité, de parrainage et de télé-achat.
Deux réflexions me sont venues à l’esprit à l’annonce de cette décision qui nous interpelle directement à France 3 Lorraine puisque nous avons créé depuis septembre 2010 des interactions entre notre antenne et les réseaux sociaux Twitter et Facebook, notamment à travers une chronique quotidienne dans le JT. Cette chronique est alimentée du lundi au vendredi par une synthèse des commentaires rédigés par nos internautes, sur une actualité directe ou décalée, sur laquelle nous leur proposons de réagir.
Mes réflexions peuvent paraître contradictoires mais je pense qu’elles ont complémentaires :
1. Le CSA est dans son rôle avec une telle décision, une chaîne, a fortiori publique, n’a pas à privilégier une ou plusieurs marques au profit du nombre immense de réseaux sociaux existant aujourd’hui. A noter d’ailleurs que dès que l’aspect économique est traité dans un journal, la barrière est parfois fine entre l’information et la communication du type publi-reportage.
2. Cette décision du CSA (contournable par une phrase du type « retrouvez-nous sur les réseaux sociaux de France 3 Lorraine« ) est effectivement en complet décalage avec la réalité et sera probablement difficile à mettre en pratique dans quelques mois, quand Twitter comme Facebook seront devenus (si ce n’est pas déjà le cas) des « outils lexicaux » comme l’a été le « Frigidaire » avant de devenir le frigo… Et puis, étonnamment, le CSA ne dit rien dela marque Google…
Dans cette affaire, je vois un nouvel exemple du décalage qui existe entre la pratique quotidienne, le Droit français -qui se veut tellement protecteur qu’il en devient parfois caricatural-, et le Droit européen -supérieur au Droit français- qui, par exemple, au nom du Droit à l’information, pourrait permettre de citer ses marques à l’antenne…
Les prochaines jurisprudences françaises et européennes sur ces questions, promettent d’être observées avec intérêt.
En attendant, nous avons pris acte de cette décision, et nous invitons désormais, sur l’antenne de France 3 Lorraine, nos téléspectateurs à rester fidèle à nos comptes Twitter et Facebook dans les termes suivants : « retrouvez-nous (ou vivez cet évènement en direct avec nous) à travers nos réseaux sociaux« .
Posted on 30/05/2011
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