Convergence (nom féminin) : Action d’aller vers un même lieu, de tendre vers un but commun.
Cela m’est apparu brutalement il y a quelques jours quand l’un de mes collègues est entré dans le bureau de la cellule web de France 3 Lorraine :
« – Sur ce sujet tu as quelque chose, qu’en disent les internautes, tu as vu passer des vidéos, des commentaires ? Tu as de l’info, des références ? »
Le sujet importe peu. Mais la démarche de mon collègue m’interpelle (« à tarte » ajouterait un autre, plus facétieux 🙂 ).
Ai-je quelque chose sur le sujet ?
« Peut-être, il faut que je regarde ». Ou « Oui, j’ai vu passer ».
Travail de veille qui n’est pas à proprement parler de mon ressort. Plutôt celui du chef d’édition qui doit garder un œil sur le fil AFP. Et qui peut donc garder un œil sur la TL « lorrains » de notre fil Twitter.
Ai-je vu passer des vidéos, des commentaires ?
Même réponse. Et ce travail là peut en effet être de mon ressort. Tout autant qu’il pourrait être celui de l’un(e) de nos documentalistes si on pensait à inclure Internet et sa veille dans leur champ de compétence et leur planning quotidien de façon formelle (au milieu de la somme de travail qu’elles ont déjà…).
Ai-je de l’information, des références sur ce sujet ?
Là je dis stop.
Oui j’en ai probablement. Parce que je suis curieux, que je suis journaliste, que tous les sujets (ou presque) m’intéressent. Et que si je n’en ai pas, je m’efforcerai d’en trouver pour mon édification personnelle.
Mais cela est pleinement le travail d’un(e) documentaliste. Pas le mien, en tant que journaliste de base. Et donc Coco, tu n’as pas frappé à la bonne porte.
Ou peut-être que si.
Mais as-tu frappé chez moi pour ne pas monter un étage à pied, jusqu’à la documentation ? Parce que tu n’as pas pensé à t’y rendre ? Parce que je n’ai rien d’autre à faire que de surfer toute la journée et que forcément (penses-tu) je dois avoir l’information ?
Parce que, consciemment ou inconsciemment, tu participes à un travail de sape visant à déposséder les documentalistes de leur savoir et de leur savoir-faire ?
La question est brutale mais mérite d’être posée.
Et qu’il y soit répondu.
Ma réponse est la convergence.
Le webjournaliste n’a vocation ni à remplacer ni à tuer professionnellement un(e) documentaliste. Ils sont partenaires. Dans un but commun : apporter de l’information et du savoir, aider à la compréhension tout en informant.
Par une mise en perspective de cette information que le format télé en une unique diffusion d’1 minute 30 ne permet pas.
Le journaliste rédige sa fiche d’info, y ajoute une photo, un reportage, éventuellement des bonus vidéo (interviews intégrales par exemple) et/ou une infographie. Et des liens hypertextes. Mais l’infographie, les liens hypertextes pertinents, où va-t-il les chercher, comment va-t-il les trouver ?
C’est un travail qu’il peut faire seul.
Mais ce n’est pas un travail qu’il doit faire seul, à mon sens.
Car le documentaliste est un spécialiste aussi de la recherche et du classement de ce qu’il trouve au jour le jour.
Et dans une optique web, quel que soit le média, journaliste et documentaliste doivent travailler main dans la main.
La cellule web et la documentation, idéalement, doivent être voisines au pire, imbriquées au mieux. Et situées au plus près de la rédaction du média.
En particulier dans le service public.
Car donner de l’information c’est aussi, et surtout, donner à comprendre.
Posted on 03/02/2011
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